Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/34

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ambroix, se rasseyant.

Voici quinze ans que nous sommes mariés, Gertrude ; sur ces quinze années, vous en avez passé trois à me tromper, trois années de mensonge, d’hypocrisie…

madame ambroix

Ambroix ! (Résignée.) Continuez, je vous écoute.

ambroix, après un silence.

Quand il s’en est allé, lui, vous avez beaucoup souffert, n’est-ce pas ?

madame ambroix

J’ai beaucoup souffert.

ambroix

Vous l’aimiez donc encore ?

madame ambroix

Oui.

ambroix

Et lui, puisqu’il partait, il ne vous aimait donc plus ?

madame ambroix

Oh ! si ! toujours autant.

madame ambroix

Il vous aimait toujours, vous l’aimiez encore. Vous vous adoriez tous deux… vous vous séparez ; pourquoi cela ?

madame ambroix

Cette vie de mensonge me pesait, j’ai eu honte.