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ne plus te revoir… (Il le prend par la main et l’amène sur le devant de la scène. Le tapis du divan s’agite. La tête de Namoun paraît avec deux petits yeux très brillants qui écoutent.) Tu me demandais tout à l’heure si j’avais des enfants, eh bien ! oui, j’en ai !

franqueyrol.

Ah ! L’imbécile…

henri.

J’ai trois enfants qu’il faut nourrir…

franqueyrol.

Trois !

henri.

Oui, trois enfants, tu les connais… mon père, ma mère et ma sœur.

franqueyrol.

Comment ! ton père… Mais je croyais… tu m’avais dit que tes parents…

henri, souriant.

Avaient de petites rentes… hé ! sans doute. Ils ont celles que je leur fais.

franqueyrol.

Ah ! je comprends, alors.

henri, baissant la voix.

Il y a six ans, lorsque je revins d’Italie, je trouvai la maison ruinée, mon père vieilli, sans courage, et près de la petite sœur malade, ma mère qui brodait nuit et jour pour gagner gros comme ça de pain… un vrai désastre. Tu penses, moi qui reve-