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le père jourdeuil.

Franqueyrol nous emmènerait dans la petite galiote…

louise, gaiement.

Oh ! je veux bien.

le père jourdeuil.

Moi aussi, je le voudrais bien, si… si j’avais trente ans de moins… C’est égal, c’est bon de se savoir compris… (Embrassant sa femme) Ça vous fait une jolie petite flambée sous le cœur… (À Margarot.) Ah çà ! et vous, mon gros philistin, mes petites drôleries vous avaient donc bien frappé, que vous vous en souvenez encore ?

margarot.

Ah ! monsieur, quand on a vu ces toiles-là, on ne les oublie jamais.

le père jourdeuil

Hein ! Crois-tu… pour un industriel !… (Tendant la main.) Touchez là, Margarot, la paix est faite ! Je ne vous en veux plus… Mon fils est bien chez vous, qu’il y reste… Après tout, le feu sacré ne se lègue pas !… D’ailleurs, le pauvre garçon avait ses raisons pour entrer ici… Il parait qu’il a depuis quelque temps des besoins d’argent énormes. (En confidence.) La mère croit qu’il est tombé dans les griffes d’une donzelle.

margarot, gros rire.

Ah ! Ah ! vous croyez que sa colombe…