rer, et enfermer ce secret dans ton ame. » (Il se lève avec rage.) Non ! non ! laisse-moi, voix menteuse, je ne suis pas un ange, moi ; je ne suis pas un saint, non ! je suis un homme volé, volé ! il faut que je châtie. Je vais l’attendre, cette misérable ; je vais l’attendre à la sortie de son église, et là, devant tout le monde, lui demander raison de son crime. (Dans sa fureur et ses évolutions sur la scène, il arrive devant la glace, et là, s’arrête et se contemple.) Suis-je assez ridicule ! Va, pauvre Othello de soixante-dix ans, tes larmes, tes colères feraient rire. Donc, tais-toi, et si tu as besoin de dire ton mal à quelqu’un, la mort est là, seule confidente digne de ta douleur. (En parlant, il est revenu s’asseoir à gauche, devant son bureau, appuyant son coude sur les lettres et sa tête dans ses mains.)
Scène IV
Me voici, Ambroix ! Je n’ai pas attendu la fin du sermon pour revenir plus vite. Eh bien, Ambroix, qu’avez-vous ? Qu’est-il arrivé ? vous êtes souffrant ? (Elle s’est rapprochée de son mari. Ambroix lève lentement la tête et lui montre de la main le portrait accroché à la muraille. Madame Ambroix étouffe un cri.) Comment ? je ne comprends pas… c’est le retour de ce portrait qui vous tait tant de mal… (Ambroix, toujours silencieux, écarte un peu ses coudes et pousse les lettres vers elle. Madame Ambroix