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ambroix

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Nenni ! nenni ! à mon âge, tout devient habitude. Si vous me donniez vos vêpres d’un dimanche, il me faudrait aussi celles de tous les autres… Tenez, passez-moi plutôt mon journal ; entre deux articles je regarderai les gens entrer à l’église, les gamins jouer sur la place ; puis, comme l’on entend d’ici la voix de l’orgue et celle des fidèles, j’écouterai les vêpres d’intention et d’intention aussi au moment du sermon… (Il fait le signe de s’endormir.)

madame ambroix

Taisez-vous, affreux moqueur, je m’en vais. (Elle va prendre son livre de messe sur le bureau.)

ambroix

Vous n’oubliez pas votre chapelet ?

madame ambroix

Non, j’ai tout ce qu’il me faut… merci ! (Bruit de cloches.)

ambroix

se levant.

Alors, partez vite, vous n’avez que le temps. Les cloches vous appellent et s’impatientent, Écoutez : Ding ! dang ! madame Ambroix ! ding dang ! ne viendra pas ! Les pauvres s’impatientent aussi à la porte de l’église ; voilà deux fois déjà que l’aveugle et son chien tournent la tête par ici. Peste ! je ne vous retiens pas ! Ah ! ah ! ah ! (Il la reconduit jusqu’à la porte du fond, — Madame Ambroix, troublée, sort rapidement et se retourne pour lui faire un geste d’adieu.)