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goût-là en l’honneur des jours d’échéance… Voyons, trente et un juillet, cette date ne te dit rien ?

madame jourdeuil.

Trente et un juillet…

louise.

Il y a aujourd’hui six ans, Henri arrivait à Venise…

madame jourdeuil, tressaillant.

Ah !

louise.

… Tombait à la mer en débarquant, et sans Pierre Franqueyrol…

madame jourdeuil.

C’est vrai, pourtant… C’était dans le mois de juillet. Brrr !… quel souvenir !

louise.

Hein ! c’est un anniversaire qui compte, celui-là… Et comme ça tombe bien… juste un jeudi, le jour d’Henri. Aussi je me suis distinguée, va pour le dîner. Une crème, des croquettes, puis au dessert une surprise… oh ! mais une surprise !

madame jourdeuil, rêveuse.

Six ans !… Dire que sans ce brave Pierre, il y a six ans que je ne verrais plus mon fils.

louise.

C’est égal ! En voilà un, ce Pierre Franqueyrol ; s’il passe jamais par ici, c’est lui qui en aura une crème… Celle-ci ?… Oh ! celle-ci n’est rien à côté.