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dominique, que ces derniers mots ont fait tressaillir.

Oui, je comprends. (Court silence.) Comme vous vous aimiez, André, quand je suis parti.

andré, baissant la tête.

C’est vrai, nous nous aimions bien.

dominique, le regardant attentivement.

Et maintenant, tu es toujours aussi heureux ?

andré

Pourquoi me demandes-tu cela, Dominique ? Tu sais bien que je ne puis pas répondre.

dominique

Y songes-tu, frère ? que viens-tu de me dire ? Est-ce que ton bonheur n’est pas le mien ? Pourquoi ne veux-tu pas que je te demande si tu es heureux ?

andré, avec effort.

Est-ce de mon bonheur présent, est-ce de mon bonheur passé, que tu veux que je t’entretienne ?

dominique

Je… ne… te comprends pas, André !… tes paroles sont singulières. À t’cntendre, on dirait qu’il s’est passé dans ta maison quelque chose que j’ignore…

andré, effaré.

Comment !… Tu ne sais pas ?

dominique

Quoi ? que veux-tu que je sache ? Moi, qui ai vécu quatre ans loin d’ici, à l’autre bout de l’uni-