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dominique, se levant.

C’est cela, mon brave Mascarat, enferme-moi ! L’idée est excellente. Encore un tour, la !

mascarat, du dehors.

Ce n’est pas que je me méfie, voyez-vous, non ! c’est seulement pour être plus tranquille ; d’ailleurs, vous n’attendrez pas longtemps.


Scène II


DOMINIQUE.


Allons, Dominique, prépare-toi ! l’heure est venue. Plus d’hésitation, plus de dét’aillance. Dis à ta tête d’être ferme, à ton cœur de ne pas broncher ; songe que tu es parti depuis quatre ans, que tu vas la revoir et que c’est une terrible épreuve ! Elle va venir à toi, affectueuse et souriante ; elle va te dire : « Bonjour, mon frère… » en t’apportant son beau front, et toi, tu l’embrasseras ! tu m’entends bien, tu l’embrasseras ! Puis tu vas t’asseoir à leur foyer, entre ce frère que tu aimes comme un fils, et cette femme que tu dois aimer comme une sœur, et chacun d’eux prendra une de tes mains avec tendresse, et alors les explications, et alors les grands reproches. Ils t’appelleront méchant !… Ils te diront avec des larmes dans les yeux : « Que t’avious-nous fait, Dominique, que t’avions-nous fait pour nous quitter ainsi, au lendemain de notre mariage ?… Est-ce notre joie qui t’a fait fuir ? Ah ! le cruel ami de