Page:Daudet - Théâtre, Lemerre, 1889.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moi aussi ?… Peur de quoi ? Allons ! allons ! pas d’enfantillage, si Maxime me voyait ! cher Maxime… (Elle s’accoude sur la rampe.) Il faut que je lui écrive une bonne longue lettre. À cette heure, il est là-bas, dans l’Ouest, loin, bien loin de moi et, pour me parler de lui, (montrant l’œillet) je n’ai plus que cette fleur… Aussi, comme je t’aime, mon bel œillet blanc ! tous les matins, à mon réveil, ma première pensée est à Maxime, mais mon premier regard est à toi… C’est que tu es plus qu’une fleur pour moi, et s’il t’arrivait quelque chose… il me semble que cela lui porterait malheur…

le marquis, se penchant hors de la serre.

Je crois, ma parole d’honneur ! qu’ils m’ont laissé la petite. (En se relevant, il fuit du bruit.)

virginie

Pour le coup, c’est dans la serre, j’en suis sûre. (Elle descend l’escalier rapidement et va droit à la serre qu’elle ouvre toute grande.) Que fais-tU là, citoyen ?

le marquis, sortant.

Rassurez-vous, mon enfant, je ne vous ferai point de mal.

virginie, le faisant passer vivement.

Je suis toute rassurée, je te demande ce que tu viens faire ici ?

le marquis

Peste ! quelle gaillarde…

virginie

Ah ! tu as beau froncer le sourcil et te hausser