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vidal

Nous avons envoyé dans l’Ouest des troupes d’élite. Rien n’est plus à craindre de ce côté ; songe donc, petite, avec des soldats comme ton Maxime.

virginie, baisse la tête en rougissant.

Puisque les nouvelles ne sont pas mauvaises, pourquoi cette tristesse ? pourquoi ce trouble, cette fièvre ?

vidal

Bah ! n’y fais pas attention, ce n’est rien, cela passera… de vilaines idées qui traversent mon cerveau, mes papillons noirs, comme tu les appelles.

virginie

Vite, il faut les chasser.

vidal, tristement.

Les chasser…

virginie

Oui, les chasser, comme ceci. (Elle l’embrasse.)

vidal

Ma fille ! (’Brusquement, en l’écartant.) Non ! laisse-moi. (Il se lève.)

virginie, veut s’accrocher.

Père ! père !

vidal, se levant.

Laisse-moi, je te dis ! (Radouci et prenant Virginie dans ses bras) Pauvre enfant ! Pardonne-moi, mais ne m’embrasse plus ainsi, vois-tu ? (Il s’assied et la fait asseoir.) Il faut me pardonner ; tout cela est bien ma-