Eh bien ! mon neveu, tandis que là-bas tu devenais homme, ici nous devenions vieux, et, dam ! quand on se fait vieux, on se fait exigeant… Depuis ton départ, nous avons pris des habitudes de repos et de calme qu’il nous serait difficile, qu’il nous serait cruel de perdre : — tu me comprends, n’est-ce pas ? — Pour ma part, j’aimerais mieux je ne sais quoi, plutôt que d’être encore empoisonnée par cette horrible odeur du tabac, et comme tu me parais tenir beaucoup à fumer tes cigares…
Mon congé, n’est-ce pas… Touchez là, ma tante, vous êtes dans le vrai… Si, depuis que je suis arrivé, je ne me suis pas répété vingt fois ce que vous venez de me dire, je veux bien coucher à la ferme ce soir. Oui, tante Brigitte, vous avez raison ; en dépit de tout, l’absence est une charmeresse, l’absence est une bonne déesse, l’absence est une fée ! Qu’elle touche un de nous du bout magique de sa baguette, le voilà soudain enveloppé d’un nuage rose, un cercle d’or au front, des étoiles dans chaque main… Oui, l’absence embellit tout… d’un défaut de langue insupportable…
Infolent !
Elle fait un adorable susurrement ; sous ses doigts enchanteurs les affreuses maladies de la faïence et du légumage…
.
Malhonnête !