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OEUVRES COMPLÈTES d’ALPHONSE DAUDET (THÉATRE)

à droite conduit à la chambre à coucher. — A gauche, une fenêtre, Une cheminée lui fait face. — Grand désordre d’emménagement ; au milieu de la pièce, une caisse qu’on déballe. — Une photographie encadrée, représentant un paysage et qu’on n’a pas encore placée, attend appuyée contre les pieds du clavecin, bien en vue des spectateurs. - La scène au jour tombant.

SCENE PREMIÈRE
JEAN GAUSSIN, L’ONCLE CÉSAIRE.

(Gaussin perché sur une chaise, au fond, un marteau à la main, enfonce des clous dans la muraille. L'oncle Césaire en manches de chemise, tournant aussi le dos au public s'active au déballage de la caisse sur laquelle on lit en grosses lettres noires :« TRÈS FRAGILE, Jean Gaussin, rue d'Amsterdam, Paris. »)

GAUSSIN, sans se retourner, secouant une de ses mains.

Aïe !

CÉSAIRE, continuant à déballer.

Qu’est-ce que c’est ?

GAUSSIN.

Rien, mon oncle… Un coup de marteau sur les doigts.

CÉSAIRE.

Encore… Ah ! tu n’es pas fort comme tapissier. Cela se comprend : un attaché au ministère des Affaires étrangères, un aspirant consul.

GAUSSIN, qui vient de donner un nouveau coup de marteau.

Cette fois, le clou est solide ! (Se tournant, descendant de sa chaise et se dirigeant vers la grande photographie, qu'il regarde avec amour.) Notre chère maison de Châteauneuf,