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pour hommes et demi-hommes, et les cantiques des pénitents aux processions de la Fête-Dieu ? Et c’est bien sûr vous ou l’un de vos élèves, que j’ai mené boire du carthagène et manger des barquettes rue Turbigo, « aux produits du Midi ».

Publié chez Charpentier, sous une chère dédicace qui m’a toujours porté bonheur et devrait figurer en tête de tous mes livres, le roman eut du succès. Zola l’honorait d’une flatteuse et cordiale étude, me reprochant seulement comme trop invraisemblable l’amour d’Hortense Le Quesnoy pour le tambourinaire ; d’autres après lui m’ont fait la même critique. Et pourtant, si mon livre était à recommencer, je ne renoncerais pas à cet effet de mirage sur cette petite âme trépidante et brûlante, victime elle aussi de L’Imagination. Maintenant, pourquoi poitrinaire ? Pourquoi cette mort sentimentale et romance, cette si facile amorce à l’attendrissement du lecteur ? Eh ! parce qu’on n’est pas maître de son œuvre, parce que durant sa gestation, alors que l’idée nous tente et nous hante, mille choses s’y mêlent