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côte bordée de rochers, empêche les Houatais d’être parfaitement heureux. Il n’est pas rare, dans les gros temps, que les chaloupes soient obligées de se jeter au large pour chercher un abri au hasard des plus grands dangers. Quelquefois même, dans le port mal protégé par une courte jetée primitivement construite, des accidents arrivent. Aussi la seule ambition du curé de Houat est-elle d’obtenir un mouillage pour les sept chaloupes qui composent la marine du pays. Nous l’avons quitté sur cette espérance.

En sortant du village, nous passons devant l’église où la mer reflétée met des vitraux d’un bleu changeant ; nous nous arrêtons un moment dans le petit cimetière, inculte, silencieux, dont les rares croix noires semblent des mâts au port dans l’horizon qui nous entoure ; et comme nous nous étonnons du petit nombre d’inscriptions et de tombes enfermées dans un cimetière si ancien, on nous apprend que jusqu’à l’an dernier, — c’est encore un effet des mœurs maritimes de l’île de Houat, —