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gneusement sur les tribunes ; mais là-bas, le peuple breton, perché dans les arbres, rangé dans les fossés, trépigne de joie et pousse d’énergiques acclamations. Chacun naturellement prend parti pour les bidets de sa commune. Les gens du bourg de Batz, de Saillé, du Pouliguen, d’Escoublac, de Piriac, guettent les pays au passage, excitent les cavaliers, sortent même des rangs pour taper sur les mules à grands coups de chapeaux et de mouchoirs. Il n’est pas jusqu’aux coiffes blanches qui ne se dressent tout à coup, en papillonnant au vent de mer, pour voir passer Jean-Marie Mahé, ou Jean-Marie Madec, ou quelque autre Jean-Marie. Après les mulets, viennent les chevaux et les juments du pays, un peu moins têtus, un peu moins sauvages, mais pleins d’ardeur tout de même et se disputant vaillamment le prix de la course.

Leur trot retentissant laboure la terre de la piste ; et pendant qu’ils courent, on voit au delà, sur la mer secouée par un vent terrible, une voile de pêcheur qui