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clématites croulantes. Dès que vous vous engouffrez sous la poterne basse et ronde où les grelots des chevaux de poste sonnent joyeusement, vous entrez dans un nouveau pays, dans une époque vieille de cinq cents ans. Ce sont des portes cintrées, ogivales, d’antiques maisons irrégulières dont les derniers étages surplombent les plus bas, avec des lignes dans la pierre, des ornements frustes et rongés. Dans certaines ruelles silencieuses s’élèvent de vieux manoirs aux hautes fenêtres éclairées de vitres étroites. Les portes seigneuriales sont fermées, mais entre leurs ais disjoints on aperçoit le perron envahi de verdure, des touffes d’hortensias à l’entrée, et la cour pleine d’herbe, où quelque puits effrité, quelque débris de chapelle met encore un amas de pierres et de vertes floraisons. Car c’est là le caractère de Guérande, une ruine coquette et toute fleurie.

Parfois, au-dessus d’un marteau usé et vénérable, l’enseigne d’un bureau de poste, des panonceaux d’huissier ou de notaire s’étalent bourgeoisement ; mais, le plus