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malheureux se mit à genoux, et tout bas, d’une voix tremblante : « Cet argent n’est pas à moi… Je l’ai volé… Mon père me l’avait laissé pour payer une échéance. » La honte l’étranglait, il n’acheva pas…

Au premier mot d’argent volé le duc s’était levé. Un peu d’animation montait à ses joues. La tête avait pris une expression de fierté qui lui allait très bien. Il vida ses poches sur la table, et, quittant lui aussi pour une minute son masque de gandin, il dit d’une voix naturelle et bonne : « Reprends donc ça, imbécile… Est-ce que tu crois que nous jouions sérieusement ? »

J’aurais voulu l’embrasser, ce gentilhomme !