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chir ?… » et ils ouvraient les fenêtres toutes grandes pour laisser entrer l’air du dehors en guise de rafraîchissement. Après tout, cela valait mieux encore que les sirops à couleurs vénéneuses, les petits-fours poussiéreux conservés si soigneusement d’une semaine à l’autre. N’ai-je pas connu une maîtresse de maison qui, chaque mardi matin, mettait à sécher sur sa fenêtre des petits paquets de thé mouillé, qu’elle faisait resservir deux ou trois lundis de suite ? Oh ! quand les bourgeois se mêlent d’être fantaisistes, on ne sait jamais où ils s’arrêteront. Nulle part, même en pleine bohème, je n’ai rencontré de types aussi bizarres que dans ces milieux-là.

Je me rappelle une dame en blanc, que nous appelions la dame aux gringuenotes, parce qu’elle se plaignait toujours en soupirant d’avoir des gringuenotes dans l’estomac !… Personne n’a jamais su ce qu’elle voulait dire.

Et cette autre, une grosse mère, mariée à un répétiteur de droit, qui amenait toujours avec elle pour la faire danser des élèves de