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Accueillie avec empressement, elle s’assit d’un air réservé, presque timide. On lui demanda de dire quelque chose. Le chanteur Faure se mit au piano pour l’accompagner ; mais l’instrument la gênait. Les notes les plus douces, mêlées à sa voix, nous auraient empêchés de l’entendre. Elle chanta donc sans accompagnement ; et, debout au milieu du salon, dont le vent d’été agitait les rares lumières, enveloppée dans une petite robe en mousseline blanche qui semblait la rendre à l’âge vague des très jeunes filles ou des aïeules, elle commença sur un petit timbre chevrotant et menu, mais très distinct, sonnant comme un violon mystérieux dans le silence du parc et de la nuit :

Enfants, c’est moi qui suis Lisette…

C’est toujours ainsi que je la vois, quand je pense à elle.