Page:Daudet - Souvenirs d’un homme de lettres, 1889.djvu/164

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Henriette Maréchal pourrait bien avoir préparé la formule. Et ce premier acte au bal de l’Opéra, cette foule, ces masques blaguant et hurlant, ces poursuites, ces engueulades, ce parti pris de réalité et de vie, ironique et réel comme un Gavarni, n’était-ce pas, quinze ans avant que le mot « naturalisme » fût inventé, le naturalisme au théâtre ?

Henriette Maréchal a sombré, c’est bien, on va se remettre à l’œuvre. Et voilà de nouveau les deux frères installés devant la grande table en leur ermitage d’Auteuil. C’est d’abord une étude d’art, la monographie sur l’œuvre et la vie de Gavarni qu’ils avaient connu et aimé, vivante comme un roman, précise et pleine de faits comme un catalogue de Musée. Puis le plus complet, le plus beau incontestablement, mais aussi le plus dédaigneux et le plus hautainement personnel de leurs livres : Madame Gervaisais.

Aucune intrigue, la simple histoire d’une âme de femme, l’odyssée à travers une série de descriptions admirables d’une intelli-