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spirituelle, bien dialoguée. Dès le milieu du premier acte, deux mots dans la bouche d’Élysée Méraut, qui dit que Hezeta l’avait « achevé d’imprimer », me mirent sur la piste de l’auteur. — « C’est quelqu’un de chez Lemerre. » On sait en effet que le libraire du passage Choiseul signe le nom des imprimeurs à la fin des beaux poèmes qu’il publie. C’est ainsi que je découvris mon collaborateur Paul Delair, écrivain de grand talent, un peu confus parfois, mais avec des éclairs et de la grandeur, un poète.

La pièce me convenait, seul le dernier acte me semblait dur. Il se passait dans le garni de la rue Monsieur-le-Prince, au lit de mort d’Élysée Méraut. À la fin le roi Christian entre-bâillait la porte : « Est-ce ici mademoiselle Clémence ? » Dans mon petit salon de l’avenue de l’Observatoire, quand Coquelin nous lut le travail de Delair, tous eurent la même impression que moi. Gambetta était venu ce soir-là ainsi qu’Edmond de Goncourt, Zola, Banville, le docteur Charcot, Ernest Daudet, Édouard Drumont, Henry Céard. D’avis unanime, il