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et les miens un livre d’ami, un livre de famille. »

Cette lettre est du frère de Thérion.

Puis le tapage s’éteignit. Paris passait à d’autres lectures ; moi j’étais satisfait d’avoir écrit un livre que mon père, royaliste ardent, eût lu sans chagrin, d’avoir prouvé que les mots me venaient encore et que je n’étais pas tout à fait déprimé, comme mes ennemis en avaient manifesté l’espoir.

Cependant plusieurs auteurs dramatiques désiraient tirer une comédie de mon œuvre ; j’hésitais à les laisser faire, quand un Italien écrivit le drame sans me consulter pour un théâtre de Rome. Cette tentative me décida. À qui donner la pièce pourtant ? Gondinet était tenté, mais la politique lui faisait peur. Coquelin, à qui j’en parlai, me dit qu’il avait quelqu’un ; si je voulais lui confier la chose, on m’apprendrait plus tard le nom de mon collaborateur. J’aime beaucoup Coquelin, j’ai confiance en lui, je le laissai faire. Il me lisait la pièce acte par acte, à mesure qu’ils étaient bâtis ; je trouvais l’œuvre éloquente, d’une prose large,