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de Bouchereau et de l’épisode qui termine mon livre. Car, soutenu par la vaillante femme qui guidait ma plume encore hésitante, je vins à bout de l’œuvre tout de même. Mais, je le sentais, quelque chose était cassé dans moi ; désormais je ne pourrais plus traiter mon corps comme une loque, le priver de mouvement et d’air, prolonger les veillées jusqu’au matin pour l’amener à la fièvre des belles trouvailles littéraires.


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Le roman parut dans le journal le Temps, puis à la librairie Dentu. La presse et le public lui firent accueil, même les journaux légitimistes. Armand de Pontmartin disait dans la Gazette de France : « J’ignore si Alphonse Daudet a écrit son livre sous une inspiration républicaine. Ce que je sais mieux, ce qui résume mon impression de lecture, c’est ce qu’il y a de beau, d’émouvant, de pathétique, de réconfortant dans les Rois en exil ; ce qui en rachète les cruautés, ce qui dérobe ce roman aux triviales laideurs du réalisme, c’est justement