Page:Daudet - Souvenirs d’un homme de lettres, 1889.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.

débrouillés, j’étais trop jeune, plus occupé de vivre que d’observer. Alors, pour suppléer aux détails qui me manquaient sur lui, je songeai à le faire de mon pays, de Nîmes, de cette « Bourgade » travailleuse d’où venaient tous les ouvriers de mon père, à mettre dans sa chambre ce cachet rouge, Fides, Spes, que j’avais vu chez mes parents, dans la salle où l’on chantait « Vive Henri IV ! », le couplet de dessert de toutes nos fêtes de famille ; à l’entourer de ces traditions royalistes au milieu desquelles j’ai grandi, que j’ai gardées jusqu’à l’âge de l’esprit ouvert et de la pensée affranchie. En y mêlant mon Midi, mes souvenirs d’enfance, je rapprochais le livre de moi. Méraut trouvé, Thérion si vous aimez mieux, qui pouvait l’amener dans la maison royale ? L’éducation d’un prince ? de là Zara. Et juste au même moment, un malheur arrivé dans une maison amie, un enfant frappé à l’œil par la balle d’une carabine de salon, me donnait l’idée du pauvre faiseur de rois démolissant son œuvre lui-même.

Les visions du sommeil s’impressionnent