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déchirure tragique faite au ciel parisien par l’écroulement des Tuileries.

Des princes dépossédés s’exilant à Paris après faillite, descendus rue de Rivoli, et au réveil, le store levé sur le balcon d’hôtel, découvrant ces ruines, ce fut la vision première des Rois en exil. Moins un roman qu’une étude historique, puisque le roman est l’histoire des hommes et l’histoire le roman des rois. Non pas l’étude historique telle qu’on la pratique généralement chez nous, la compilation morne, poudreuse, tatillonne, un de ces gros bouquins chers à l’Institut qu’il couronne chaque année sans les ouvrir et sur lesquels on pourrait écrire usage externe, comme sur les verres bleus de la pharmacopée : mais un livre d’histoire moderne, vivant, capiteux, d’une documentation terriblement brûlante et ardue, qu’il fallait arracher des entrailles mêmes de la vie, au lieu de le déterrer dans la poussière des archives.

À mes yeux, la difficulté de l’œuvre était surtout là, dans cette chasse aux modèles, aux renseignements vrais, dans l’ennui de