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de visite, en tas, sans ordre, comme en un tiroir souvent fouillé et bousculé où lui-même enfonçait maintenant ses mains tremblantes…

— Passe-les-moi. Je les brûlerai sous tes yeux.

Elle parlait fiévreusement, accroupie devant la cheminée, une bougie allumée par terre, à côté d’elle.

— Donne…

Mais lui :

— Non… attends…

Et plus bas, comme honteux :

— Je voudrais lire…

— Pourquoi ? tu vas te faire mal encore…

Elle ne songeait qu’à sa souffrance et non à l’indélicatesse de livrer ainsi les secrets de passion, la confession sur l’oreiller de tous ces hommes qui l’avaient aimée ; et se rapprochant, toujours à genoux, elle lisait en même temps que lui, l’épiait du coin de l’œil.

Dix pages, signées La Gournerie, 1861, d’une écriture longue et féline, dans lesquelles le poète, envoyé en Algérie pour le compte-rendu officiel et lyrique du voyage de l’empereur et de l’impératrice, faisait à sa maîtresse une description éblouissante des fêtes.