on ne sait pas bien. On aime la femme, l’amour ; mais les yeux et l’expérience manquent, et le jeune amant qui vous montre un portrait de sa maîtresse, cherche un regard, une approbation qui le rassurent. La figure de Sapho lui semblait grandie, auréolée, depuis qu’il la savait chantée par La Gournerie, fixée par Caoudal dans le marbre et le bronze.
Mais brusquement repris de rage, il quittait le banc où sa méditation l’avait jeté sur un boulevard extérieur, au milieu des cris d’enfants, des commérages de femmes d’ouvriers dans la poudreuse soirée de juin ; et il se remettait à marcher, à parler tout haut, furieusement… Joli, le bronze de Sapho… du bronze de commerce, qui a traîné partout, banal comme un air d’orgue, comme ce mot de Sapho qui à force de rouler les siècles s’est encrassé de légendes immondes sur sa grâce première, et d’un nom de déesse est devenu l’étiquette d’une maladie… Quel dégoût que tout cela, mon Dieu !…
Il s’en allait ainsi, tour à tour apaisé ou furieux, à ce remous d’idées, de sentiments contraires. Le boulevard s’assombrissait, devenait