Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/324

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Tu mens, il a couché là… il n’y a qu’à voir le lit, qu’à te regarder.

— Et après ?

Elle approchait son visage du sien, ses grands yeux gris éclairés de flammes libertines…

— Est-ce que je savais que tu viendrais ?… Et toi perdu, qu’est-ce que ça pouvait me faire, tout le reste ? J’étais triste, seule, dégoûtée…

— Et puis le bouquet du bagne !… Depuis le temps que tu vivais avec un honnête homme… ça t’a semblé bon, hein ?… Avez-vous dû vous en fourrer de ces caresses… Ah ! saleté !… tiens…

Elle vit venir le coup sans l’éviter, le reçut en pleine figure, puis avec un grondement sourd de douleur, de joie, de victoire, elle sauta sur lui, l’empoigna à pleins bras : « M’ami, m’ami… tu m’aimes encore… » et ils roulèrent ensemble sur le lit.

Le passage à grand fracas d’un express le réveilla en sursaut vers le soir ; et les yeux ouverts, il resta quelques instants sans se reconnaître, tout seul au fond de ce grand lit où ses membres rompus comme par une