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familière ; et elle s’en expliqua avec sincérité :

« Tu sais ce que je t’ai dit autrefois… Je resterai ta femme malgré tout, ta femme aimante et fidèle. Notre petite maison m’enveloppe de toi, et je ne voudrais la quitter pour rien au monde… Que ferais-je à Paris ? J’ai le dégoût de mon passé qui t’éloigne ; et puis, songe à quoi tu nous exposes… Tu te crois donc bien fort ? Viens, alors, méchant… une fois, rien qu’une… »

Il n’y alla pas ; mais, un dimanche, l’après-midi, seul et travaillant, il entendit frapper deux petits coups à sa porte. Il tressaillit, reconnut sa façon vive de s’annoncer comme autrefois. Craignant de trouver en bas quelque consigne, elle était montée d’une haleine, sans rien demander. Il s’approcha, les pas enfoncés dans le tapis, entendant son souffle par la feuillure :

— Jean, es-tu là ?…

Oh ! cette voix humble et brisée… Encore une fois, pas bien fort : « Jean !… » puis une plainte soupirée, le froissement d’une lettre, et la caresse et l’adieu d’un baiser jeté.