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en drap neuf bridant sur le ventre et donnant au petit homme une majesté vraiment présidentielle.

Ce qui l’amenait à Paris ? L’achat d’une machine élévatoire pour l’immersion de ses nouvelles vignes – il prononçait le mot « élévatoire » avec une conviction qui le grandissait à ses propres yeux –, puis la commande de son buste que ses collègues lui demandaient pour orner la salle du conseil.

— Tu as vu, ajouta-t-il d’un air modeste, ils m’ont nommé président… Mon idée de submersion bouleverse le Midi… Et dire que c’est moi, le Fénat, qui suis en train de sauver les vins de France !… Il n’y a que les toqués, vois-tu.

Mais le but principal de son voyage, c’était la rupture avec Fanny. Comprenant que l’affaire traînait en longueur, il venait donner un coup de main.

— Je m’y connais, tu penses… Quand courbebaisse a lâché la sienne pour se marier…

Avant d’attaquer son histoire, il s’arrêta et, déboutonnant sa redingote, il en tira un petit portefeuille rondement tendu :

— D’abord, débarrasse-moi de ceci… Bé oui !