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en terrasse. Déchelette était parti, à l’heure indiquée, le bail fini. Et lui pensait :

— C’est beau de faire ce qu’on veut dans l’existence, de gouverner sa raison et son cœur… Aurai-je jamais ce courage ?…

Une main se posa sur son épaule :

— Bonjour, Gaussin !…

Déchelette, l’air fatigué, plus jaune et plus froncé que d’habitude, lui expliqua qu’il ne partait pas encore, retenu à Paris par quelques affaires, et qu’il habitait le Grand-Hôtel, l’atelier lui faisant horreur depuis cette histoire épouvantable…

— Quoi donc ?

— C’est vrai, vous ne savez pas… Alice est morte… Elle s’est tuée… Attendez-moi, que je regarde si j’ai des lettres…

Il revint presque aussitôt, et tout en faisant sauter des bandes de journaux d’un doigt nerveux, il parlait sourdement, comme un somnambule, sans regarder Gaussin qui marchait près de lui :

— Oui, tuée, jetée par la fenêtre, comme elle l’avait dit le soir où vous étiez là… Qu’est-ce que vous voulez ?… moi, je ne savais pas, je