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enluminé et fantaisiste de la soirée de Déchelette, ses deux seules sorties mondaines de l’année ; et le souvenir de la femme, resté quelques jours autour de la cheminée dans ce délicat et léger parfum, s’évapora en même temps que lui, sans que Gaussin, sérieux, travailleur, se méfiant par-dessus tout des entraînements de Paris, eût eu la fantaisie de renouveler cette amourette d’un soir.

L’examen, ministériel aurait lieu en novembre. Il ne lui restait que trois mois pour le préparer. Après, viendrait un stage de trois ou quatre ans dans les bureaux du service consulaire ; puis il s’en irait quelque part, très loin. Cette idée d’exil ne l’effrayait pas ; car une tradition chez les Gaussin d’Armandy, vieille famille avignonnaise, voulait que l’aîné des fils suivît ce qu’on appelle la carrière, avec l’exemple, l’encouragement et la protection morale de ceux qui l’y avaient précédé. Pour ce provincial, Paris n’était que la première escale d’une très longue traversée, ce qui l’empêchait de nouer aucune liaison sérieuse en amour comme en amitié.

Une semaine ou deux après le bal de Déchelette,