Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/225

Cette page n’a pas encore été corrigée

« Toujours beau, le petit !… » dit Caoudal, allongé de toute sa taille géante et tenant un écran au-dessus de ses paupières pour les garantir du vitrage. « Et Fanny, voyons ?… » Il se leva sur le coude, cligna ses yeux d’expert :

— La figure tient encore ; mais la taille, tu fais bien de la ficeler… enfin, console-toi, ma fille, La Gournerie est encore plus gros que toi.

Le poète pinça dédaigneusement ses lèvres minces. Assis à la turque sur une pile de coussins – depuis son voyage en Algérie il prétendait ne pouvoir se tenir autrement –, énorme, empâté, n’ayant plus d’intelligent que son front solide sous une forêt blanche, et son dur regard de négrier, il affectait avec Fanny une réserve mondaine, une politesse exagérée, comme pour donner une leçon à Caoudal.

Deux paysagistes à têtes hâlées et rustiques complétaient la réunion ; eux aussi connaissaient la maîtresse de Jean, et le plus jeune lui dit dans un serrement de main :

— Déchelette nous a conté l’histoire de l’enfant, c’est très gentil ce que vous avez fait là, ma chère.