Page:Daudet - Sapho, 1884.djvu/210

Cette page n’a pas encore été corrigée

retint Gaussin en arrière. Il rejoignit la bande à l’entrée du bois, et tout bas à Fanny :

— C’est de l’oncle… Il est ravi… Une récolte superbe, vendue sur pied… Il renvoie les huit mille francs de Déchelette, avec bien des compliments et remerciements à sa nièce.

— Oui, sa nièce !… à la mode de Gascogne… Vieille carotte, va… dit Fanny qui ne conservait guère d’illusions sur les oncles du Midi ; puis, toute joyeuse : Il va falloir placer cet argent…

Il la regarda stupéfait, l’ayant toujours connue très scrupuleuse sur les questions de probité monnayée…

— Placer ?… mais ce n’est pas à toi…

— Tiens, au fait, je ne t’ai pas dit…

Elle rougit, avec ce regard qui se ternissait à la moindre altération de la vérité… Ce bon enfant de Déchelette ayant appris ce qu’ils faisaient pour Joseph, lui avait écrit que cet argent les aiderait à élever le petit.

— Puis tu sais, si ça t’ennuie, on les lui rendra, ses huit mille francs ; il est à Paris…

La voix des Hettéma, qui discrètement avaient pris l’avance, retentit sous les arbres :