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Sanchès. Elle pensait silencieusement à reprendre leur petit ménage et sentait son amant à bout de forces lui aussi, mais elle eût voulu qu’il parlât le premier.

Un dimanche d’avril, Fanny arriva plus parée que d’ordinaire, en chapeau rond, en robe de printemps bien simple, – on n’était pas riche, – mais tendue aux grâces de son corps.

— Lève-toi vite, nous allons déjeuner à la campagne…

— À la campagne !…

— Oui, à Enghien, chez Rosa… Elle nous invite tous les deux…

Il dit non d’abord, mais elle insista. Jamais Rosé ne pardonnerait un refus.

— Tu peux bien consentir pour moi… J’en fais assez, il me semble.

C’était au bord du lac d’Enghien, devant une immense pelouse descendant jusqu’à un petit port où se balançaient quelques yoles et gondoles, un grand chalet, merveilleusement orné et meublé, et dont les plafonds, les panneaux en miroirs reflétaient l’étincellement de l’eau, les superbes charmilles d’un