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ROSE ET NINETTE

sa mère, loin de les emmener, les avait prévenues au contraire, elle et sa sœur, qu’elles resteraient chez les dames de l’Assomption, avec deux dimanches de sortie par mois.

« Seulement, vois-tu, mon père chéri, — ici battement de cils et regard en dessous, — l’idée de quitter maman toutes les deux nous fait beaucoup de peine ; et nous venons te demander de lui laisser l’une de nous, ou Rose ou moi, comme tu voudras, d’autant que le séjour de cousin à Ajaccio n’est que momentané et qu’il a promesse du ministre… »

La petite voix allait, allait, montait en cri d’alouette de plus en plus haut et vite ; et Régis, les yeux fermés, aurait pu se croire à dix ans en arrière, discutant avec Mme  de Fagan, vaincu d’avance par la volubilité, l’inlassable entêtement de sa femme.

« Je verrai, je réfléchirai, » dit-il en se levant. C’est que le temps pressait ; la nomination de cousin serait à l’Officiel avant trois jours.

« Eh bienl mon enfant, demain matin, ta sœur et toi, vous aurez ma réponse. »