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ROSE ET NINETTE

veuvage, en plusieurs circonstances, m’a été utile… »

Fagan eut un mouvement de tête comme pour protester ; et venant tout de suite à ce qui le tourmentait :

« Vous n’avez donc pas profité des bénéfices que vous accordait la loi, puisque votre mari revient chez vous ?

— Il y est rentré aujourd’hui pour la première fois, répondît Mme Hulin, le regard limpide. .. Annette, chaque premier de l’an, lui écrit de nos nouvelles ; mais jamais avant ce matin nous ne nous étions revus… Et je l’ai appelé, moins à cause de cette opération qui pouvait être grave, qu’au sujet de certaine clause de notre séparation. Oui, le conseiller de Malville…

— Malville ?… le wagnérien de ma femme ?

— Le même… Il était alors président du tribunal au Havre et, musicien forcené comme mon mari, faisait partie du même quatuor. Aussi, tout en prononçant la séparation à mon profit, — et comment aurait-il pu juger autrement ? — il réserva au père le droit de diriger l’instruction de l’enfant, depuis l’âge de dix ans jusqu’à la fin de ses études… Maurice est près de les avoir, ses dix ans ; et à l’idée que j’allais le perdre, qu’on l’enfermerait loin de moi dans quelque lycée, mon cœur se déchirait… Et lui, le pauvre chéri, il en rêve, il en