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LES SANGUINAIRES

Joseph ïui fait signe
D’entrer sans cérémonie,
Voir notre Seigneur
Qui les attendait.
« C’est pas la négrure
« C’est pas ça qui le fait pleurer,
« C’est que l’imposture
« Du vieux péché. »

Là-dessus, rasades nouvelles suivies d’un autre noël, l’arrivée des bergers et leur offrande au petit Jésus :

Ils laissent à terre deux ou trois bons fromages ;
Ils laissent à terre une douzaine d’œufs ;
Joseph leur dit : « Allons, soyez bien sages,
Tournez-vous-en et faites bon voyage.
                 Bergers,
          Prenez votre congé. »

Nos voix montent, sonnent sous les voûtes, et à mesure c’est dans tout mon être une douceur, une détente. Ces chansons, ce vin du pays… Je ne suis plus au phare des Sanguinaires, mais dans la cuisine d’un grand mas de Provence, aux murs crépis, au sol pavé de larges dalles. Dehors, au lieu des huées du vent et de la mer, je distingue très bien dans la nuit d’hiver le carillon de la messe de minuit. Je me figure, derrière les vitres allumées, les ombres qui passent et repassent. Des nuées