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LA LEÇON D’HISTOIRE

L’AIDE DE CAMP, embarrassé.

En vérité, maréchal, cette histoire est si lugubre… je ne sais si je dois…

LE MARÉCHAL.

Allez donc ! allez donc !

L’AIDE DE CAMP, s’incline et continue.

Votre Excellence doit savoir que les Anglais ont eu de tout temps l’amour-propre national excessivement chatouilleux. Aussi ce combat de Port-Mahon fut pour eux un coup terrible ; moins encore comme perte matérielle — Byng avait lâché pied avant la fin de la bataille — que comme effet moral, influence perdue. Pour expliquer sa conduite, l’amiral prétendait qu’il avait eu le vent contraire et que, la partie lui paraissant mal engagée, il avait préféré se dérober au combat pour conserver une flotte à l’Angleterre.

LE MARÉCHAL.

Tiens ! c’est comme moi… Continuez donc, colonel.

L’AIDE DE CAMP.

Byng étant bien en cour et n’ayant que de beaux états de service, le roi George se contenta de lui retirer son commandement. Mais en Angleterre ce fut un cri de rage. Ce nom de Byng, si honoré, si acclamé jadis, devint