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LA LEÇON D’HISTOIRE

Le maréchal marchait sans rien dire, d’un air préoccupé. Tout à coup il s’arrêta et, se tournant vers l’aide de camp de service :

« Je voudrais, fit-il, que vous m’expliquiez ce que c’est qu’un certain amiral Byng dont les journaux ont parlé à propos de mon affaire… J’imagine que ce doit être quelque héros cascadeur des Variétés ou du Palais-Royal, comme l’amiral suisse ou le général Boum… n’est-ce pas vrai, colonel ? »

L’aide de camp de service, qui par hasard n’était pas sans lecture, savait parfaitement ce qu’on lui demandait, mais il était un peu embarrassé pour répondre. Cependant il crut devoir détromper son chef et lui expliqua que l’amiral Byng était un marin anglais du XVIIIe siècle, qu’une escadre française, commandée par M. de la Galissonnière, avait eu l’honneur de battre et de mettre en fuite, en face de Port-Mahon qu’assiégeait alors Richelieu.

LE MARÉCHAL.

Ah ! oui… Richelieu… le grand cardinal… Parfaitement… j’en ai entendu parler.

L’AIDE DE CAMP, timidement.

Pardon, maréchal. Ce n’est pas ce Richelieu ! C’est un autre.

LE MARÉCHAL, très surpris..

Ah ! vraiment, il y en a un autre ? Je n’aurai jamais cru… Mais continuez, colonel.