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ROSE ET NINETTE

III

« Non, mes chéries… non, mes petites filles, ce que vous demandez est impossible. N’insistez pas, vous me feriez trop de peine. »

Insister ! Elles s’en gardaient bien. Devant le refus du père, Ninette avait pris un livre, Rose un journal de modes, et leurs candides physionomies de fillettes, subitement fermées, comme durcies, s’absorbaient dans une attention silencieuse, par moments traversée d’un regard de malice qui se levait et guettait de coin dans le battement des cils. Ce n’était plus deux enfants que Fagan avait en face de lui, mais deux femmes, avec cet angélique entêtement de la femme, qui amène l’homme à l’exaspération. Et il s’agitait, le pauvre père, il s’efforçait de faire entrer dans ces sacrées