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LE TRÉSOR D’ARLATAN

vacher, les revoyait sinistrement animés et pervers dans les beaux yeux de fièvre de cette femme-enfant et son imagination maladive.

« Non, Zia, dit-il plein de pitié, non, ta sœur ne saura rien… Ce serait lui faire trop de peine… Seulement il faut retourner au pays, t’en aller le plus tôt possible… »

Elle cria de terreur :

« Au pays, sainte Mère des Anges ! mais c’est la fin de tout… On va me montrer au doigt, me courir après à cause de mon « bon jour »… Et pas moins, vous avez raison, monsieur Henri, il n’y a plus qu’à s’en aller… C’est ce qui vaut mieux. »

Droite et mince, son grand panier sur la hanche, ses cheveux en poussière blonde autour de sa petite pointe, elle marchait contre le vent, avec sa jupe enroulant ses jambes fines, et son geste énergique qui répétait à côté d’elle : « S’en aller… s’en aller… »