mouillé d’embruns, à côté d’une corbeille pleine de grands pains, et machinalement elle en jetait des morceaux aux chevaux, devant elle. Le cou nu, sa mante dégrafée, les pieds à demi sortis de petits sabots jaunes en bois de saule, elle avait les lèvres décolorées par le froid ; et le même geste de sa main essayant toujours de ramener les cheveux échappés de sa coiffe lui donnait quelque chose d’égaré. À l’appel du Franciot, elle leva seulement la tête.
« Que fais-tu là, Zia ?
— Rien… je ne sais pas…
— Comment ! tu ne sais pas ce que tu fais, si loin de chez vous ?… Qu’est-ce que c’est que tout ce pain ?
— On m’a envoyée chercher le pain à Chartrouse.
— Chartrouse ?… mais pour rentrer chez toi ce n’est guère le chemin. »
Le regard de Danjou, orienté tout autour, rencontra le chaume du gardien. Il eut tout de suite compris.
« Ne mens pas, c’est là que tu venais ?
— C’est là… répondit-elle avec violence. Tout ce que vous m’avez dit, hier soir, toutes les prières que j’ai faites dans la nuit, rien n’y a pu, rien… Une force mauvaise m’a prise en sortant de Chartrouse et m’a portée chez cet homme, je ne sais pas comment. La clef était sur la porte, j’ai ouvert ; mais, entendant du