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LE TRÉSOR D’ARLATAN

l’unique salle, que son regard eut vite inventoriée.

Le gardien haussa les épaules :

« Ah ! vaï, des ferrades… j’en ai trop vu. »

Il repoussa d’un coup de botte une malle à gros clous de cuivre qui traînait au milieu de la pièce entre deux escabeaux, prit un de ces sièges rustiques taillés dans un tronc de saule et présenta l’autre à Danjou avec le geste large, emphatique, dont le vaste décor camarguais semblait lui avoir donné l’habitude.

« Tout ce que vous voyez ici, dit-il superbement, depuis le toit, les murs de la maison, c’est moi que je l’ai fait. Ce plot de bois sur lequel vous êtes assis, ce lit d’osier tressé, là-bas dans le coin, ces flambeaux de résine vierge, ce foyer fabriqué de trois pierres noires, jusqu’au pilon dont je broie mes plantes médicinales, jusqu’à la serrure de la porte et sa clef du même bois blanc, tout cela est mon ouvrage. »

Il suivit le regard de Danjou dans la direction de la malle.

« Ceci, par exemple, n’est pas de ma fabrication… c’est ce que j’appelle le trésor. Mais, avec la permission de usted, nous en causerons un autre jour ; de ce moment, je ne suis pas de loisir… Ah ! mon ami, vous parlez de ferrades… c’est dans cette malle que j’en ai des médailles et des certificats de mairies, et des