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LE TRÉSOR D’ARLATAN

y a quelque chose qui ne va pas, puisque notre capelan, qui est le meilleur des hommes… Naïs et moi, nous ne savons que penser. »

Il se leva pour jeter une souche dans le feu qui s’endormait, et tout de suite, à la rose montée de la flamme, ses idées se rassérénèrent. Sûrement ils allaient en finir avec cette méchante histoire. Le temps de la communion approchait, et, la petite n’ayant pas bougé de chez eux depuis la maladie de Naïs, ça lui avait servi de retraite. Là-haut, à Montmajour, on était trop près de la ville et de ses tentations, magasins à glaces et à dorures, étalages de dentelles, de bijoux et de nœuds de velours, tout ce dont le diable se sert pour détourner les fillettes, tandis qu’en Camargue…

« Oh ! en Camargue, c’est bien simple, interrompit Danjou en riant…Comme tentation de l’enfer et miroir aux alouettes, je ne vois que le trésor de… comment s’appelle-t-il ?… le trésor d’Arlatan.

— Vous connaissez Arlatan ? » demanda Charlon étonné ; et devant cette irrévérence du Franciot parlant ainsi d’une des gloires de la contrée, il crut devoir lui raconter la vie et les triomphes du gardien, d’abord comme toucheur de bœufs, chef d’une manade renommée dans toutes les votes de Provence, jusque dans les arènes d’Arles et de Nîmes… Tombé malade par suite de fatigues et d’excès, Arlatan s’était