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ROSE ET NINETTE

« Écartons-nous… » dit tout bas Fagan à sa compagne…

Avoir ses chéries, là, tout près de lui, brillantes et pimpantes, et ne pouvoir les embrasser, cela lui faisait trop de mal ! Et c’était bien une victime du divorce, ce pauvre homme, regardant ses filles, leur mère, sa vraie famille, s’éloigner à toute vitesse dans ce landau plein de rires et de rubans clairs, tandis qu’il restait au bord du trottoir, incertain et vague dans la nuit presque venue, avec cette femme et cet enfant, dont le grand deuil, qu’il accompagnait mais ne partageait pas, disait assez combien ils étaient, combien ils demeureraient probablement toujours étrangers les uns aux autres.

31 décembre 1891.