Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
ROSE ET NINETTE

On a les jambes un peu molles… » faisait Mme La Posterolle empressée ; puis répondant au geste de Fagan qui lui montrait une place à son côté : « Non, merci, je préfère… » dit la Parisienne d’une petite moue dégoûtée.

Et debout, s’équilibrant à son élégante ombrelle, avec un balancement de tout le corps, elle continua :

« Alors, voici… Le moment approchait, comme vous savez, où l’enfant devait passer de par la loi dans les pattes brutales du mari, au grand désespoir de la mère. Subitement Hulin, plus que jamais épris, se présente chez sa femme, ceci pendant votre voyage en Corse, et… je vous répète à peu près ses paroles : « Si vous consentez à ce que je désire, ma chère, je m’embarque, vous n’entendez plus parler de moi ; en outre, je renonce par un acte laissé entre vos mains à tous mes droits légaux sur notre enfant. »

Fagan bondit :

« Mais c’est absurde… Un acte pareil est sans valeur. Pas un tribunal au monde…

— Je sais, je sais… mais Mme Hulin ne savait pas, ni son mari non plus, problablement. Je tiens du conseiller de Malville… Bon ! voilà que je livre mon auteur ; après tout, l’histoire n’en aura que plus d’authenticité… Malville donc me disait que ces sortes d’engagements, ces conventions à l’amiable se passent entre