Page:Daudet - Rose et Ninette, Le trésor d'Arlatan, La Fédor, 1911.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
137
ROSE ET NINETTE

Elle ajouta en souriant :

« Moins favorisée que ma fille, je donnerai le bras au président Rémory.

— Ainsi nous serons là tous les deux ? demanda Fagan stupéfait.

— Dame ! puisque nous marions notre enfant… »

Ils marchèrent un instant sans parler, puis il murmura :

« Bizarre, tout de même… Et votre mari, et La PosteroIIe ? »

Son intonation restait ironique.

« Justement. La PosteroIIe… Je voulais vous en parler… Bien difficile de l’exclure… mon mari… le beau-père de Rose… et puis c’est lui qui a fait le mariage. Avant d’entrer dans la magistrature, Gaston Rémory était attaché à son cabinet… Ne trouvez-vous pas qu’il doit figurer dans le cortège ?

— Je n’y vois aucun inconvénient… »

Et, plongé tout à coup dans des réflexions infinies, Fagan la laissa ramager à côté de lui, agiter ses bracelets, son ombrelle, en célébrant la famille Rémory, le président, la présidente et ce délicieux Saint-Cyrien rôdant autour de Ninette :

« Encore un mariage qui chauffe, mon cher ami ; une occasion de nouveaux rendez-vous sous nos grands arbres… Je les aime, moi, ces grands arbres… et vous ? »