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ROSE ET NINETTE

Ne pouvant aller chez Fagan par convenance, ni Fagan chez elle, elle avait songé à leur vieille avenue pour régler des intérêts communs.

Il l’interrompit vivement :

« Pourquoi ne pas vous adresser à mon notaire ? Tout est entendu avec lui.

— Et j’ai bien reconnu là le gentilhomme que vous êtes… »

Mais ce n’était pas seulement d’argent qu’il s’agissait, surtout de savoir comment ordonner le repas, le défilé, et où se signerait le contrat. .. Chez lui ? chez elle ? mêmes inconvénients des deux côtés. C’est pourquoi elle avait pensé aux Rémory, les parents du jeune homme. Cela lui convenait ? bon… Autre chose, maintenant. Le mariage — bien entendu un mariage religieux — aurait lieu à la Madeleine. Rose, par-dessus tout, désirait entrer à l’église au bras de son père.

« Elle sait ce qu’elle doit faire pour cela… » dit Fagan subitement en arrêt, le geste dictant et commandant.

Les yeux de la dame clignèrent : « Une petite lettre d’excuse à Mme  Hulin, je suppose ?

— Absolument.

— Oh ! elle se décidera volontiers. On y tient tant à ce bras de père célèbre… »

Ceci bien appuyé pour faire entendre que c’était une question de vanité et non d’affection.