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ROSE ET NINETTE

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Avenue de l’Observatoire, tout au fond, sous les marronniers en dôme d’épaisses verdures, un après-midi de juin, Mme La Posterolle battait d’un talon nerveux l’asphalte espacé de bancs où traînaient des loques désœuvrées, des songeries patibulaires. En mauve toute, depuis les bas jusqu’à l’ombrelle, et sur ce mauve le blanc poudré de sa perruque d’aïeule, la dame paraissait peu sensible au flatteur étonnement du rapin ou de l’étudiant qui, avant d’entrer chez le maître d’armes voisin, se retournait pour voir cette vieille personne aux yeux d’une jeunesse si provocante, à la démarche autoritaire et solide d’un commandant de bord sur sa passerelle. À chaque instant elle regardait l’heure à la montre microscopique épanouie dans le cuir de son bra-